(5 commentaires)

  1. Vos articles sont très édifiant et nous donnent une image claire des dominations en cours. Par contre, votre démarche est presque exclusivement monétaire. Par exemple, on ne voit pas pourquoi l’individualisme s’est si fortement développé dans notre société ainsi que les conséquences de ce développement souhaité (l’individualisme, c’est au départ la belle promesse du développement de l’individu si longtemps enfermé et brimé par le collectif) qui s’est mué en isolement. Paul Jorion que vous citez a le très grand avantage d’aborder la situation actuelle de tous les points de vue à la fois (économique, anthropologique, sociologique, politique).
    Merci pour les explications et les références sur le « dividende monétaire »(crédit social).

  2. L’individualisme n’est pas quelque chose sur quoi on peut agir. C’est chacun qui décide ou pas d’être individualiste ou solidaire. On ne force pas l’amour, la compassion, la solidarité, c’est une volonté consciente.

    Par contre on peut jouer sur le système monétaire. Si le système monétaire est instable, imprévisible, arbitraire, on peut le remplacer par un système – monétaire – stable, prévisible, égalitaire.

    L’homme fabrique des euros, comment, pourquoi, selon quelles règles ? Il peut et doit en décider il en est le seul maître.

    Pour la solidarité cf les religions, le spirituel, c’est un autre débat.

  3. L’individualisme est sociologiquement induit dans une large mesure. Les orientations politiques retenues, elles mêmes traduction d’une certaine philosophie de l’existence, y concourent en favorisant le développement de tel ou tel type de conduites, privée et institutionnelle. Il est certes moins simple et moins immédiat d’agir sur ce ressort que sur le mécanisme explicite et concret qu’est le système monétaire.

    Pour finir, je conviens avec vous que ce n’est pas ici la matière dont vous souhaitez nous entretenir. Toutefois je me suis permis d’apporter cette précision en réponse à votre conception de l’individualisme telle que vous l’exposez en réaction à l’interpellation de Michel Martin.

  4. « Les orientations politiques retenues, elles mêmes traduction d’une certaine philosophie de l’existence, y concourent en favorisant le développement de tel ou tel type de conduites, privée et institutionnelle. »

    Et donc, comme c’est l’individu qui vote et est candidat à l’élection… L’individu conditionne les orientations politiques qui le conditionnent en retour…

    Seule la pris de conscience individuelle permet de passer de l’individualisme à la solidarité. Cf Jésus, Bouddha etc…

  5. Tentative sans filet de clarification de la question précédente.

    Pas de société sans individus et pas d’individus sans société. Je ne vois pas comment on peut séparer individu et société. Les idéologies de droite considèrent que l’individu fait plus la société que l’inverse et les idéologies de gauche sont symétriques. Au bout, si on pousse trop à droite ou trop à gauche, on se heurte à des problèmes. Trop à droite et la société devient une jungle; trop à gauche et la bureaucratie écrase les individus. Il reste des utopies socio-démocrates ou des utopies façon début 19è de microsociétés idéales qui recherchent l’harmonie société-individu. Je crois que c’est là qu’on essaie de creuser, vous et moi et bien d’autres, sans même faire appel aux grandes figures de notre mythologie (Jésus, Boudha…). Je crois qu’au fond on se moque complètement du genre de monnaie qu’on pourra utiliser pourvu que l’équité y soit, que chacun trouve une place acceptable.

    En ce qui me concerne, l’image qui colle le mieux à mon idéal est celle de l’auberge espagnole. Dans celle-ci, on n’y trouve que ce qu’on y apporte (collectivement). C’est à dire qu’il ne faut pas compter sur le père Noël pour approvisionner (l’état ou quelque mécène). On y trouve ce qu’on y apporte, c’est à dire que le patron ou un de ses commis ou une mafia quelconque ne se garde pas les meilleurs morceaux de côté. Celui qui n’apporte jamais rien alors qu’il le pourrait est regardé de travers et il se peut qu’à un moment il se fasse éjecter. Celui qui ne peut rien apporter est pris collectivement en charge. L’auberge espagnole, ce n’est pas non plus l’anarchie.

    Les choses se compliquent dès qu’on entre un peu dans le détail, parce que la valeur de ce qu’on apporte est intimement liée à une perception culturelle. Donc, on n’échappe pas à la nécessité de l’existence de diverses formes d’auberges espagnoles.

    En ce qui concerne la France la matrice anthropologique (le gros mot) de notre société est transposée de la famille prérévolutionnaire égalitaire et libérale, comme l’atteste le choix de notre devise en souffrance: liberté, égalité (fraternité est venu beaucoup plus tard). Notre auberge espagnole possible devra tenir compte de ce fond culturel. Pas étonnant que l’individualisme porté par notre goût de la liberté se soit développé chez-nous, mais d’un autre côté, pas étonnant que notre état providence redistributif se soit aussi fortement développé en même temps. Si une monnaie complémentaire ou même une seule monnaie différente de l’actuelle pouvait nous aider à redistribuer les rôles, alors elle présente un grand intérêt. L’état providence redistribue bien de l’argent, mais il redistribue assez mal les possibilités pour chacun de pouvoir participer équitablement à notre société. Il apparaît un peu cher vis à vis de son efficacité à faire société. Est-ce qu’une monnaie quelconque peut aider à structurer notre solidarité? Ce n’est pas évident mais je milite de mon côté pour que les activités sociales ou socio-culturelles qui ne se prètent pas au gains de productivité ni de profit soient soutenues par une monnaie fondante qui me semble mieux adaptée qu’une monnaie accumulable. Je crois qu’une telle démarche irait dans la direction d’une meilleure accessibilité de chacun à une activité profitable à tous. C’est bien dans l’esprit de l’auberge espagnole, mais est-ce que nous voulons une auberge espagnole ou est-ce que la puissance impériale perdue ou une vieille nostalgie aristocratique nous travaillent encore assez pour tirer la plus grande fierté des grandes réussites des exploiteurs du CAC40?

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